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Portrait : Pierre Baudry
 

AVARANEWS N° 40 - JANVIER 2021


Pierre Baudry :
« J’ai été parrain avant de devenir…
participant à un groupe »

 

TXT 2 Portrait Pierre BAUDRY

 

Il y a quelques jours, Pierre Baudry a commencé l’animation d’une formation en distanciel. En tandem avec Régine Gardon, il va former une dizaine de nouveaux parrains et marraines de groupes : une nécessité absolue pour que notre association puisse continuer à remplir les objectifs qu’elle s’est fixés. Et une étape de plus dans son parcours de bénévole à l’AVARAP. Un parcours atypique car Pierre a été parrain avant d’être… participant à un groupe. Une belle histoire.

 

C’est tout sauf le hasard qui a conduit Pierre Baudry à s’engager dans l’AVARAP. Armé d’une double compétence – il est manager confirmé, directeur de BU et il a, par ailleurs, mené à son terme des études de psycho –, il ambitionne de rejoindre un service de ressources humaines. « J’avais entendu parler de l’AVARAP et de la puissance de sa méthode par une marraine puis par un parrain de l’association, confie-t-il. Mon poste de direction chez GFK (un institut d’études NDLR) ne me passionnait plus et je voulais m’engager dans une activité qui a du sens. Et, plus prosaïquement, acquérir de nouvelles compétences dans le domaine de l’accompagnement. »

Il se rend sur le site de l’association pour faire acte de candidature. « Je ne m’attendais pas du tout à entrer dans un processus de sélection aussi structuré, s’étonne-t-il. Je pensais qu’une volonté sincère de s’engager bénévolement était suffisante. Pas du tout. J’ai suivi le parcours de sélection et j’ai commencé la formation au Bois-du-Lys. »

 

« Mariette », « New Life » puis « Les mercredis de l’avenir »

Conduite tambour battant par Gérard Balland, la formation – qui comporte une dizaine de personnes et qui prend le nom de « Mariette » (« C’était le prénom de la personne qui servait les repas lors de la première session », sourit-il) – le surprend par son professionnalisme. « J’ai alors pris la mesure de l’engagement, de la disponibilité, de l’investissement en temps nécessaires », se souvient-il.

Cela ne refroidit pas outre mesure ce papa de trois enfants qui se lance très vite dans l’aventure de son premier groupe –  ce sera « New Life » à Neuilly – puis de son deuxième (« Les mercredis de l’avenir »). Il devient ensuite parrain référent et il rejoint le pool des consultants PerformanSe de notre association – « un exercice que j’affectionne particulièrement ».

Parallèlement, les choses se dégradent avec son employeur et il décide, à bientôt 50 ans, en signant une rupture conventionnelle, de tourner la page d’une première partie de carrière commencée près de trente ans plus tôt.

 

De la Normandie à Paris

Car ce natif de la Manche a déjà une belle expérience. Né à Carentan, sur la côte ouest du Cotentin, dans une famille de quatre enfants dont les parents sont professeurs des écoles, il connaît une enfance heureuse et une scolarité sans soucis. « Je n’étais pas un foudre de guerre, reconnaît-il. J’étais un élève appliqué et studieux. J’obtenais de bons résultats sans trop d’efforts. Mais, impatient de me retrouver sur le marché du travail, je ne voulais pas m’engager dans des études longues. »

Après avoir décroché un bac scientifique à 17 ans, il obtient un DUT de biologie et il est recruté à Carentan dans une plate-forme logistique de la grande distribution. « J’y ai pratiqué plein de métiers différents, l’objectif étant d’acquérir les compétences qui me permettraient de diriger un entrepôt ou un magasin. » Pierre y restera deux ans, se rendant vite compte qu’il n’est pas suffisamment stimulé intellectuellement et choqué – déjà – par les pratiques managériales.

C’est ainsi que lui vient l’idée de s’inscrire en psycho pour étudier le fonctionnement des organisations et envisager une fonction dans le secteur des RH. A 22 ans, il retourne ainsi en première année à l’université de Caen et son cursus lui fait appréhender des matières qui le passionnent comme la psychologie sociale et la psychologie comportementale. Il obtient sa maîtrise à Caen et il présente son DESS à Nanterre (« J’y ai rejoint ma compagne qui depuis est devenue ma femme », sourit-il.)

 

Une carrière ascendante

Les choses s’enchaînent alors. Embauché dans l’entreprise où il a effectué son stage, Pierre intègre un service qui mène des études sur des comportements médicaux. Suivent des années passionnantes où  il prend de plus en plus de responsabilités dans un domaine en pleine mutation avec l’apparition puis la généralisation des outils numériques. Son entité est rachetée par un grand groupe, un des leaders mondiaux des études pharmaceutiques, et sa carrière connaît une accélération quand il se retrouve nommé au Comité de direction.

Mais la médaille de la digitalisation a son revers et l’obsession de la réduction des coûts conduit son entreprise à externaliser de plus en plus de fonctions dans des « pays à très bas salaires ». Pierre va conduire deux plans sociaux avec des pertes d’effectifs conséquentes. « Je ne me voyais pas manager avec un élastique, confie-t-il. Avec des interlocuteurs dans le sous-continent indien. J’ai alors négocié mon départ. »

Fort de ses expériences de management et de sa formation en psycho, et s’estimant bien armé par la conduite de ses plans sociaux, Pierre tente de se reconvertir dans le secteur des RH. Il décide de maximiser ses chances en complétant sa formation par un master pro à l’ESSEC. « Je me suis planté dans mon projet professionnel, reconnaît-il. J’ai sous-estimé le marché et la spécificité française de ne pas faire confiance à des gens qui se reconvertissent à 40 ans. Au bout d’un an, et à la suite de nombreux coups pris dans des entretiens qui ne m’ont pas fait de bien, j’ai décidé de postuler à nouveau dans des instituts d’études. »

 

Mûr pour une reconversion professionnelle

Il est alors recruté chez GFK comme directeur des panels. Il mène des études sur les performances des réseaux de distribution non alimentaires. Il est impacté par diverses restructurations. Il ne perd pas de vue son idée de départ : migrer vers le secteur RH de l’entreprise qui le recrute pour s’occuper du développement des compétences, de l’accompagnement et de la formation. C’est aussi dans ce but qu’il s’engage à l’AVARAP.

« Au bout de quatre années passées dans cette entreprise, continue-t-il, j’ai commencé à exprimer des désaccords. J’avais l’impression qu’un ressort était cassé. D’un désaccord l’autre, nous sommes arrivés à un point de non-retour et j’ai fini par négocier une rupture conventionnelle. J’avais l’impression d’être mûr pour ma reconversion. Je voulais revenir à un exercice en lien avec la psycho dans le domaine de la souffrance au travail, ayant touché dans mes postes de manager les limites de mon action dans ce domaine. »

Coïncidence, Pierre signe son départ un peu avant la dernière séance qu’il conduit dans son deuxième groupe avant de passer la main à l’animateur. « Je leur ai annoncé que j’allais bientôt être dans la même position qu’eux », sourit-il.

 

Des postes et des missions dans le domaine de l’accompagnement

Cette fois-ci, Pierre veut mettre toutes les chances  de son côté et il se dit que ce serait dommage de ne pas bénéficier de la force d’un groupe AVARAP pour mettre en œuvre son projet. Il s’en ouvre à Michèle Dupré. « J’ai alors pu constater, se réjouit-il, la cohérence entre les valeurs de l’association et la pratique. Michèle m’a proposé un coaching solidaire et, devant mon envie d’entrer dans un groupe, elle a organisé une réunion avec un parrain qui accepterait de me prendre. J’ai ainsi pu rencontrer Alain Pasquereau et entrer dans le groupe qu’il s’apprêtait à animer. Ce fut une expérience extraordinaire ! »

Sans surprise, l’ADT fait ressortir à 70 %  des postes et des missions dans le domaine de l’accompagnement, du coaching et de la psychothérapie. Parmi les trois cibles – conseil en organisation, coach individuel en entreprise et psychothérapeute en souffrance au travail –, Pierre travaille la troisième et construit son projet professionnel.

Aujourd’hui, il partage son temps entre l’activité de son cabinet – il a refait une formation en Thérapies comportementales et cognitives et il s’est spécialisé dans la prise en charge des patients atteints de troubles anxieux, les problématiques de conduite à risque et les phobies – et un CMPP.

Il s’est lancé dans l’aventure de la formation de parrains-marraines en distanciel ce qui lui a demandé un gros investissement en temps. Ce temps après lequel il avoue courir de plus en plus, regrettant de ne pas en disposer davantage pour en consacrer plus à notre association.

 

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