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Le futur du travail
 

AVARANEWS N° 58 - FEVRIER 2023


Quelles tendances définissent le futur du travail en 2022 ?

 

PHOTO TXT 5 Duperrin

 

Le futur du travail est un sujet sans fin d’autant plus que par définition le futur est une notion relative : on ne l’atteint jamais ou, plutôt, une fois qu’on a atteint une date qu’on avait définie comme étant le futur un nouveau futur s’est déjà mis en place.

 

Il n’en reste pas moins que si le futur du travail est et doit être un sujet de réflexion constant il n’est d’autant plus aujourd’hui qu’on ne peut pas faire comme si la pandémie n’avait pas fait bouger les lignes et ne nous avait pas emmené, en deux ans, vers un futur qui aurait peut être pris dix ans.                             J’ai donc décidé de remettre un peu ce sujet à plat en m’interrogeant sur certaines évolutions du travail sur un horizon assez court.

Pourquoi un horizon court ? Parce que, et on l’a vu avec la pandémie, penser à plus de cinq ans relève de la pure science-fiction. Imaginer le travail dans dix ans c’est se faire plaisir mais cela manque de pragmatisme : avec les évolutions aussi fortes que rapides que connaît le monde en cinq ans certains sujets peuvent s’accélérer radicalement comme perdre toute pertinence.

Mais avant de parler du futur du travail et pour éviter que cette réflexion ne soit qu’une liste de rêves (le futur du travail n’est pas ce qu’on aimerait qu’il soit mais ce qu’il deviendra…) il faut d’abord s’intéresser aux tendances, aux forces en action qui font bouger les choses.

Voici celles que j’ai décidé de prendre en compte. De manière purement arbitraire mais à un moment il faut bien décider.

 

La pandémie

J’aurais pu éclater l’ensemble des impacts de la pandémie dans les sujets qui suivent mais je pense que son impact a été tellement significatif qu’elle mérite d’être considérée comme un phénomène en tant que tel.

La pandémie a bien sûr permis d’expérimenter de nouveaux modes de travail mais réduire son impact au seul sujet du télétravail serait passer sous silence un grand nombre de sujets.

Elle a posé la question du maintien du lien social et de l’engagement. Elle pousse les salariés non pas, comme on l’entend trop souvent, à quitter leur entreprise mais à être de plus en plus intransigeants par rapport à ce qu’ils veulent et ne veulent pas. Bien sûr elle a transformé les gens mais a surtout fait ressortir les compromis qu’ils ne voulaient plus faire.

La difficulté avec ce sujet est que chacun le vit différemment. L’impact de la pandémie sur ce que les salariés attendent de l’entreprise varie en fonction du secteur d’activité, du fait que les gens aient pu continuer à travailler ou pas, de la manière dont les gouvernements ont aidé les entreprises ou certains secteurs, qu’on soit un salarié de « première ligne » ou non…

 Vous aurez autant de manière de vivre la pandémie et d’en tirer des conclusions qu’il y a d’entreprises et de salariés.

 

La « consumérisation »

La « consumérisation » est une force à l’œuvre depuis des années et on n’a pas fini d’en subir les effets. Il s’agit de la volonté des salariés de vivre au travail une expérience similaire à celles qu’ils vivent aujourd’hui en tant que clients, qu’utilisateurs de services web. 

Cela a commencé il y a près de vingt ans avec la volonté d’avoir des outils de travail aussi simples, faciles à utiliser voire performants que ceux à leur disposition dans la vie de tous les jours.

Aujourd’hui cela va plus loin et il n’est pas surprenant que très vite après que tout le monde se soit mis à parler d’expérience client le sujet de l’expérience employé ait émergé.

La « consumérisation » est un peu une quête de simplification (à moins qu’on parte du principe que compliquer la vie des clients est une stratégie gagnante) mais également une volonté du collaborateur de se retrouver enfin au centre de l’organisation et de l’entreprise de l’y mettre.

 

La technologie

Sans verser dans le « solutionnisme » technologique on ne peut nier que la technologie façonne le futur du travail. Pour le meilleur comme pour le pire.

Pour le meilleur en facilitant de nouvelles formes de travail (comment aurait-on vécu la pandémie sans Internet ?), en supprimant les tâches laborieuses, en « augmentant » le collaborateur.

Pour le pire en lançant des modes, plus ou moins éphémères, qui amènent les entreprises à dépenser une énergie folle pour « adopter » des technologies qui ne résolvent aucun problème voire qui en créent de nouveaux. A y bien penser, le fait même de se poser la question de l’adoption d’une technologie devrait nous faire nous interroger sur son sens et son utilité (je n’ai jamais vu un collaborateur refuser une technologie qui résolve ses problèmes).

Il ne faut pas s’attendre à ce qu’une application fonctionne dans un contexte où ses hypothèses ne sont pas valides. On s’attend trop souvent à ce que la technologie transforme le travail alors que c’est la transformation du travail qui rend la technologie pertinente.

Avec des sujets tels que les robots et l’intelligence artificielle qui sont déjà une réalité, le metaverse qui est pour les uns le futur du travail et pour d’autres un effet de mode couteux il y a matière à réfléchir.

 

L’évolution de la société et de l’économie

Bien sûr il y a eu le COVID mais pas seulement. Avec le développement du freelancing, de l’économie « à la demande » certains modèles sont à réinventer.

Quand 25 % des Français sont incapables de faire face à une dépense imprévue de 500 euros cela pose également un certain nombre de questions.

Le phénomène écologique est également à prendre en compte. On ne pourra ignorer longtemps l’éléphant dans la pièce : le digital qui émet déjà plus de CO2 que l’aérien et en émettra demain le double. Ça n’est pas en modifiant leurs politiques de voyage que les entreprises combattront le réchauffement climatique mais en ayant un usage durable et responsable du numérique. On en est loin.

Comme me le disait une personne travaillant chez un des géants du secteur « on fait de la m….

 

La transformation des activités de service et du travail du savoir

Ces secteurs qui pourtant tirent notre économie fonctionnent, à mon avis, dans le plus grand amateurisme. Comme le remarquait cet article du New York Times :                                                                                                          « Peter Drucker a fait remarquer qu’au cours du XXe siècle, la productivité des travailleurs manuels dans le secteur manufacturier a été multipliée par cinquante, car nous sommes devenus plus intelligents quant à la meilleure façon de construire des produits. Il a fait valoir que le secteur de la connaissance, en revanche, avait à peine entamé un processus similaire d’auto-examen et d’amélioration, existant à la fin du XXe siècle alors que le secteur manufacturier l’avait été cent ans plus tôt ».

Je ne pense pas que les choses aient beaucoup changé depuis.

On a plaqué sur ces activités des modèles de production et des modèles managériaux inspirés du taylorisme et on en voit les limites. De plus on s’est caché derrière le fait qu’il s’agissait d’activités où flux et production sont intangibles, invisibles pour se dire que « comme cela ne se voit pas les problèmes n’existent pas et il n’y a pas moyen d’améliorer les choses ».

Aujourd’hui il a moyen de quantifier ces activités, il y a également une prise de conscience que les opérations doivent s’adapter aux gens et pas uniquement l’inverse.

Tout cela m’amène à dire que les activités de service et du travail du savoir vont connaitre leur « révolution industrielle ».

 

Bertrand Duperrin 

Directeur People and Business Delivery - Membre du Comex chez Emakina.fr Ecole supérieure de Commerce de Bordeaux-Ecole de Management

 

 

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